Minimalisme : la promesse d’une esthétique sobre et libérée

J’ai été contactée il y a quelques jours par une journaliste qui m’a posé une série de questions sur la « garde-robe minimaliste », à l’heure où la sobriété – énergétique, politique et financière – est devenue une préoccupation première. Comment modérer sa consommation vestimentaire pour dépenser moins, m’a-t-elle demandé.

Le concept de « minimalisme », qui est en réalité ancré dans une philosophie très ancienne, a été remis au goût du jour depuis une dizaine d’années dans l’idée de se désencombrer de tout ce dont on n’a pas besoin pour se concentrer sur les objets essentiels à notre vie. Une notion notamment popularisée avec Marie Kondo, que vous connaissez surement, et son principe de rangement pour ne garder autour de soi que ce qui nous procure de la joie.

La première fois que je me suis intéressée à cette idée d’une garde-robe modérée, c’était il y a 7 ans lors de ma toute première séance de coaching en style. J’ai compris à ce moment-là que mes armoires étaient chargées de vêtements inutiles, procurés comme des récompenses matérielles d’une vie qui manquait à côté d’un sens plus profond. Un moment révélateur, pas seulement de mon rapport maladroit aux vêtements mais d’un (dys)fonctionnement personnel qui ne me correspondait pas.  

L’envie de sobriété, de ne garder que quelques pièces que j’aimais, s’est imposée naturellement. Quel soulagement ! En même temps que je vidais mon dressing, j’avais le sentiment d’une liberté retrouvée. Tout devenait plus clair, plus simple. Les quelques pièces restantes avaient trouvé leur place et me paraissaient plus belles, mieux mises en valeur.  Je me sentais véritablement transformée et surtout libérée.

Ce qu’on appelle le minimalisme vestimentaire n’est pas seulement un concept pratique d’avoir moins pour consommer moins, mais une façon de penser bien plus fondamentale. Une sorte d’esthétique de vie : prendre du recul sur les objets pour mieux en percevoir le sens et la beauté. Se réjouir par exemple d’une jolie robe parfaitement choisie selon ses goûts pour ne pas s’en lasser. C’est repenser notre façon de voir les choses pour mieux les apprécier, et s’apprécier mieux soi-même par la force des choses.

Autrement dit, c’est faire de la place non pas dans un but de frugalité punitive, mais pour ressentir une forme de respiration bienfaitrice au sens propre comme au figuré. Trouver un nouvel équilibre, une harmonie joyeuse et le repos de l’esprit.

 

Avoir moins, c’est aussi laisser la place aux belles choses qui vont advenir.

 

3 clés pour partir sur de bonnes bases:

 

  1. Le minimalisme pour se sentir libre

 

Aux questions suivantes : combien de pièces faut-il pour avoir un dressing minimaliste ? Quelles sont les pièces indispensables ? Et si on acquière un nouveau vêtement doit-on en faire sortir un autre de son armoire pour avoir toujours le même nombre ?

 … je répondrais que ce sont des questions un peu secondaires qui selon moi créent une contrainte alors que le concept est justement d’éviter ce qui contraint. Chaque dressing est singulier et il n’y a pas de règles absolues. Rappelez-vous que la mode n’est pas une science exacte, elle ne possède pas de principes définitifs. Vos vêtements s’adaptent à vous au fil du temps.   

La composition de votre dressing est celle qui convient de façon intuitive. Pour certaines ce sera 15 belles pièces, pour d’autres qui ont besoin de plus de choix, ce sera le double. Un beau manteau en laine, une robe fluide, un tailleur bien coupé, un pull en cachemire, un jeans bien coupé : ce sont là les essentiels pour déjà composer une très bonne base pour cet hiver.



2. Se questionner sur ce qu’on possède déjà 

 

Le minimalisme pour apprécier ce qui est plutôt que consommer la nouveauté.


Une des étapes très concrète et indispensable cette fois-ci c’est faire le point sur ce que vous possédez déjà et réaliser dans le jargon un « audit » de votre dressing. Difficile de faire de l’espace si on ne désencombre pas d’abord.

Observer ce que l’on a déjà pour épurer de façon intelligente, c’est le meilleur conseil à vous donner pour commencer. Cela demande une petite entreprise, un effort temporaire, mais qui a des effets thérapeutiques clairement évidents.

Chaque pièce de votre dressing devra être passée au crible de votre œil aiguisé:

 

  •        ce qui ne sert plus, qui est trop ancien, qui ne vous apporte plus de plaisir, qui vous encombre ou n’est plus à votre taille : ces pièces-là sont prêtes à vivre une seconde vie ailleurs et à quitter la vôtre (environ 70-80% d’un dressing “classique” n’est pas porté)

 

  •        les autres pièces, que vous aimez, qui vous vont, qui sont de bonne qualité : vous leur offrez une nouvelle place dans un espace auquel vous aurez donné une toute nouvelle énergie positive (environ 20-30% de votre dressing)

 

Alors, vous êtes prête à vous lancer?

 

3. Etre moins happé par les désirs extérieurs


Il y a dans la recherche de nouveauté quelque chose de très excitant ! S’offrir un nouveau vêtement nous donne ce shoot d’adrénaline immédiat qui nous pousse ensuite à renouveler l’opération souvent sans but précis. Juste pour « acheter quelque chose ». La mode est faite pour créer ce désir jamais assouvi. Les réseaux sociaux, les médias, le flux permanent d’images,… Les pièges sont nombreux pour les consommateurs que nous sommes, même les plus conscientisés.

Quand nos armoires débordent, en rajouter encore plus et accumuler passe plus inaperçu que lorsque l’on a devant soi que des objets utiles qui ont leur place parmi les autres. Je remarque, à travers tous vos retours depuis des années, qu’au moins on possède au moins on a envie de posséder. Au plus chaque choix est juste et fait avec plaisir, au moins on a envie de consommer compulsivement. Une sorte de régulation se fait naturellement. Et on se sent aussi plus libre, détaché des désirs qui ne sont finalement peut-être pas les nôtres.

 

Au plus on se détache, au plus on est libre.



Et vous, vous êtes aussi en quête d’un dressing plus minimaliste ?

A très vite !

Astrid

Astrid Eckelmans