Les vêtements des femmes au pouvoir : s’habiller en politique

Pour faire de la politique, les femmes doivent-elles se déguiser en hommes? Leur crédibilité passe-t-elle par la maitrise de leur apparence? Pourquoi la question du vêtement se pose-t-elle pour les femmes alors que l’on s’interroge rarement sur le costume de leurs homologues masculins? Ce qui est certain c’est qu’une personnalité publique est forcément liée au costume qu’elle choisit d’arborer.

Alors que les hommes détiennent globalement le pouvoir depuis des siècles, les codes vestimentaires en ce qui les concerne évoluent très peu : les politiciens d’habillent d’un costume composé d’un pantalon et d’une veste associée à une chemise et une cravate comme accessoire classique. La règle est simple : la tradition du costume suffit.

Il faut attendre les années 1970 pour voir apparaitre les femmes dans le monde politique. Aucune règle n’est alors définie, seule la décence d’une « tenue correcte » est exigée dans l’hémicycle avec un autre problème : tout habit risque de faire scandale… L’allure est scrutée avec une attention particulière des médias, d’autant plus accentuée aujourd’hui par les réseaux sociaux: attention aux faux pas, aux tenues mal interprétées, au bon dosage des vêtements de luxe mal appréciés pour nos représentantes.

La règle tacite veut que les personnalités publiques soient suffisamment élégantes pour faire honneur à leur fonction et en donner une bonne image. Il faut montrer qu’on est à la hauteur. La négligence apparait aux yeux des observateurs synonyme de laisser-aller et de légèreté face à la responsabilité du rôle.

“Angela Merkel a coutume de raconter qu’elle ne disait rien d’important dans les dix premières minutes de ses discours car, durant ce laps de temps, on commentait sa veste. C’est une femme qui, en politique, a adopté un certain uniforme pour être entendue ». Sophie Lemahieu, Historienne de la mode.

Le vestiaire des femmes en politique est soumis malgré elles à des choix et des stratégies indispensables pour progresser dans les couloirs de l’Etat et soutenir des idées sans que le vêtement ne vienne occulter le message. S’habiller de façon adéquate, c’est montrer que l’on s’adapte aux codes sociaux et que l’on fait preuve de justesse et d’humanité tout en maitrisant parfaitement ses dossiers afin d’être digne de confiance.

Quelle tâche bien ardue pour ces dames !

Décryptons ensemble ce que dévoile le vestiaire d’une femme en politique:

Le tailleur-pantalon : la puissance au masculin

Le pantalon a pris de plus en plus de place dans le dressing politique féminin. Vêtement fermé, il permet une grande liberté de mouvement et donne un message de solidité qu’on attribue habituellement aux hommes. L’avantage du pantalon ? Etre mobile et pouvoir bouger tout en oubliant ce que l’on porte. Associé à la veste, voilà l’incontournable pour imposer sa compétence ! Les épaules carrées évoquent l’idée du pouvoir et de la virilité, l’idéal pour s’affirmer à l’égal des hommes sur l’échiquier politique. Super adaptable, le tailleur permet d’être habillée en toutes circonstances : visites de terrain, réunions ministérielles, cocktails en soirée. Un passe-partout qui ne fait pas de vagues… 

La jupe : l’audace de la féminité

C’est évident que la robe et la jupe sont indubitablement représentatives du genre féminin. Mais lorsqu’elle est choisie comme stratégie politique, elle devient la marque d’une différenciation, celle d’assumer sa féminité dans un monde majoritairement masculin. Un choix politique donc de rassembler l’ensemble des citoyens dans son message, hommes et femmes comprises. En évitant une longueur au-dessus du genou et associée à une veste par-dessus, la jupe est un choix à la croisée des chemins entre coquetterie et assurance féminines. Pourquoi devraient-elles s’en priver ?

Les talons : prendre de la hauteur

Voilà un accessoire dont les femmes ont le monopole ! Deux critères se font écho entre talons hauts et talons plats : l’esthétique et le confort. Naturellement, les talons permettent de se grandir. Ils expriment une certaine rigueur et la maitrise du corps ce qui sous-entend symboliquement une stabilité de la personnalité plus globale. Hautement perchée, c’est un tour de force qui montre une aisance exceptionnelle. Avouons que celles qui maitrisent les hauts talons sont impressionnantes. Les stillettos sont aujourd’hui beaucoup moins courants en faveur des petits talons qui permettent plus de confort pour ces femmes tout terrain.

L’uniforme : un gage de constance

On dit d’une femme qu’elle est au sommet de l’élégante lorsque ses vêtements disparaissent pour faire place à sa beauté. Il est en de même pour les femmes en politique : leur volonté est de faire oublier leur habillement pour concentrer l’attention sur leurs actions et leurs discours. Adopter une constance dans son style est une des clés pour ne pas faire parler de son apparence. C’est une façon d’exprimer une cohérence entre le vêtement et son discours au cours du temps. C’est habituer l’œil du spectateur à une image qui rassure et sécurise dans un monde en perpétuel mouvement.

Astrid Eckelmans